Qu’est-ce que le Bitcoin ?

Le Bitcoin: une cryptomonnaie connue et controversée, pourtant obscure et incomprise.

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Merci de nous l’avoir posée – Le Bitcoin

Selon Jacques Baudron, chargé de cours en technologies virtuelles à l’IUT de Cachan, pour comprendre le Bitcoin, il faut tout d’abord comprendre la monnaie, et pour comprendre la monnaie, il faut comprendre son origine. À une époque, il n’existait pas de billets papier ou de pièces de monnaie, mais il existait des orfèvres. Les orfèvres étaient des artisans qui fabriquaient des objets à partir d’or. Ils étaient donc dotés de coffres sécuritaires pour entreposer leurs matériaux, ce qui a attiré l’attention de riches marchands qui voulaient eux aussi mettre leurs métaux précieux en sécurité. Les orfèvres ont donc entreposé ces dits biens en échange d’une rémunération, puis ils ont produit un papier que ces marchands pourraient utiliser comme preuve que leurs métaux étaient entreposés dans ces coffres. Sous la présentation de ce papier, le marchand pouvait donc retirer une partie ou la totalité de ce qu’il avait entreposé.

Le système a bien évolué, mais le concept est toujours semblable à ce jour. Un billet ne représente plus une somme en or stocké : elle représente un équivalent général accepté auquel il faut faire confiance. En effet, un billet de dix euros n’est qu’un papier, mais ce papier a une valeur auprès de la société. Un billet de 10 euros vaut donc 10 euros, et des valeurs monétaires sont données à de la nourriture, des services, etc.

Les cryptomonnaies, comme le Bitcoin, ne sont pas des monnaies, c’est pourquoi elles portent plutôt le nom de cryptoactifs. Selon monsieur Baudron « ce qui fait la valeur d’un Bitcoin c’est exclusivement la loi de l’offre et de la demande », au contraire des monnaies qui ont des valeurs établies. De plus, l’un des critères importants pour qu’une créance soit considérée comme étant une monnaie c’est que sa valeur soit stable : ce qui n’est pas le cas avec les Bitcoins.

Les Bitcoins, contrairement aux monnaies, sont gérés par un système autonome qui n’est pas centralisé. Pour illustrer ce système, prenons par exemple une partie de poker. À chaque tour, tout le monde prend en note qui parie quelle somme. Puis, ils comparent leurs notes. Ainsi, si quelqu’un tente de tricher ou se trompe, la majorité aura tout de même pris en note le bon montant. Au contraire, si une seule personne prenait le tout en note, est-ce que les montants inscrits seraient réellement les bons ? Ce faisant, tout le monde participe à ce que l’on nomme le « blockchain ». Le blockchain se résume à une liste de tous les échanges de Bitcoin. Il est donc plus aisé de suivre les transactions et de savoir qui a quoi. Les blocs qui construisent cette chaîne sont ces notes prises par les utilisateurs.

Si par exemple Henry donne 5 Bitcoins à Alexia, les utilisateurs le prendront en note. Mais alors, s’il y a mille personnes qui prennent cet échange en note, comment faire pour choisir le bloc qui ira dans la blockchain ? C’est le concept de minage. Chaque utilisateur ayant noté cet échange pourra résoudre une énigme mathématique d’une somme préexistante générée de façon automatique par le système. Dans ce cas, la somme est connue, et il faut trouver l’équation. Par exemple, pour obtenir 10, on peut faire 5 + 5, 5 + 2 + 3, 6 + 4, etc.

Pour ce faire, les mineurs investissent régulièrement dans des superordinateurs capables de répondre à cette énigme en générant des milliers d’équations. La première personne qui résout l’équation voit son bloc ajouté à la chaîne. Et pourquoi font-ils cela ? Cette surveillance massive permet de protéger le système contre la fraude, et récompense les personnes qui ajoutent des blocs à la chaîne avec des Bitcoins fraîchement « minés », donc créés pour les payer.

Cependant, le nombre de Bitcoins créés par le minage diminue d’année en année. Le but c’est qu’il existe éventuellement un nombre limité de Bitcoin, ce qui ajoutera à leur valeur. Les estimations démontrent qu’en 2040, le dernier Bitcoin sera miné.

Alors, à quoi servent les bitcoins ?

Pour chaque achat fait en ligne, les banques récupèrent une fraction du paiement. Les Bitcoins permettent d’éviter cet intermédiaire bancaire et parfois, de protéger contre la fraude. De plus, les Bitcoins permettent de participer à des ICO (initial coin offering). Des entreprises en construction se tournent de plus en plus vers les ICO pour amasser de l’argent via des levées de fond. Les participants ayant participé à l’ICO obtiennent alors le service proposé pour moins chers.

C’est justement via ce système de collecte de fonds que le Bitcoin touche à l’économie selon monsieur Baudron qui ajoute que « L’intérêt de monter ainsi des fonds, c’est que c’est quelque chose qui est excessivement rapide. » Quelques heures peuvent suffire pour amasser le montant nécessaire pour créer un service ou un produit. C’est un système si populaire maintenant que l’AMF (autorité des marchés financiers) a dû prendre en compte ce type de levée de fond pour protéger les internautes. Ce faisant, ils observent quels dossiers d’ICO sont complets et crédibles, et mettent de côté les dossiers comportant des lacunes.

Le concept du Bitcoin est particulièrement intéressant. Il fait appel à un service décentralisé et permet des échanges rapides, de façon mondiale, sans l’entremise de banques. Cependant, sa valeur fluctue énormément et de façon imprédictible, ce qui peut rendre son utilisation problématique.

Jacques Baudron est chargé de cours en technologies virtuelles à l’IUT de Cachan de l’Université Paris-Saclay. Il a fondé la société IXTEL, spécialisée dans l’Ingénierie, les Conseils et Services en Télécommunications. Il est spécialiste des nouvelles technologies (blockchain, Intelligence Artificielle et calculateurs quantiques).

Illustration de Marine Joumard

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